Heikel

Ça aurait du être un évènement heureux. La grossesse se passait bien, Enzo attendait avec impatience la naissance de son petit frère Heikel.

Nabiha, la maman, était suivie dans un grand CHU où elle pensait bénéficier des meilleurs soins possibles.

Mais voilà, l’équipe médicale soupçonne un diabète gestationnel (qui ne sera jamais confirmé) et décide de déclencher l’accouchement pour le 9 février, soit 2 semaines avant la date de terme.

Le 7 février, Nabiha perd le bouchon muqueux et quelques contractions s’installent : il semblerait que le travail commence à se mettre en route spontanément… Espoir…

Nabiha se rend à la maternité, où devant les signes de début de travail, on décide … d’avancer le déclenchement.

Nabiha reçoit donc 25 µg de cytotec par voie vaginale le 8 février à 7h50.

25µg de cytotec, c’est le protocole de ce grand CHU d’Alsace. Un protocole contraire aux recommandations de la HAS et à la Loi du médicament, puisque le cytotec n’est pas autorisé pour déclencher les accouchements, mais selon les dires du chef de service « Ce médicament est tellement bon marché ! ».

Les contractions utérines s’installent rapidement, tout de suite très violentes et très rapprochées.

Le travail progresse vite, jusqu’à la dilatation complète.

Mais vers 16h30, le rythme cardiaque du bébé ralentit, puis devient quasiment inexistant.

Tentative de ventouse… échec de la ventouse… césarienne en urgence…

Heikel est extrait du ventre de sa mère à 16h50, en état de détresse respiratoire aigüe. Il est immédiatement transféré en unité de réanimation.

Quant à Nabiha, la césarienne a permis de mettre en évidence une rupture utérine : son utérus s’est déchiré sous la violence des contractions.  Nabiha est transférée en réanimation où son état nécessite une transfusion car elle a perdu beaucoup de sang.

Nabiha restera 2 semaines à l’hôpital. Deux longues semaines pendant lesquelles elle reste suspendue aux nouvelles de son fils. Des nouvelles qui ne lui laisseront jamais le moindre espoir : « évolution défavorable ». Privé d’oxygène lors de la rupture utérine, Heikel n’a aucune chance de survie.

Il décèdera le 27 février.

Depuis ce drame, Nabiha se bat pour accéder à la vérité : pour eux, pour Heikel et pour son grand frère Enzo, qui ne comprend pas pourquoi ses camarades ont leurs petits frères et sœurs auprès d’eux alors que son petit frère à lui est au cimetière.