Timéo et les Autres...
Telle qu’elle la raconte sur son blog.
Ceci est mon blog. A propos de ma vie. Du moins sur une partie de celle-ci, une certaine partie dont on ne veut pas parler, une certaine partie dont on ne veut rien savoir. C’est un épisode que je ne voulais pas raconter avant, non pas parce que j’en avais honte, seulement je ne voulais pas que les gens aient pitié de moi. Mais je sens que c’est un morceau de moi tellement important, de celle que je suis maintenant. Et parce que je veux changer les Lois. Voici ce qui m’est arrivé en mars 2013. |
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En août 2012 j’ai découvert que j’étais enceinte. J’étais tellement heureuse ! J’avais hâte d’être au 31 mars. Les mois s’écoulèrent, tout allait bien. Je souffrais de tension artérielle et de douleurs dorsales, mais ce sont là des maux fréquents de la grossesse. Lors de la grossesse, on constata que j’avais un gros bébé, et à partir de la 26ème semaine, on commençait déjà à me parler de déclenchement, à cause de son poids. Je n’y pensai pas trop, car ma mère avait eu ses enfants en avance, et nous n’étions pas non plus petits. Mais au début mars je commençai à ressentir beaucoup de douleurs, je pensai plusieurs fois « c’est ça, il est en train d’arriver », mais non, ce n’était pas ça. Donc le 20 mars je vis mon gynécologue, il me fit une échographie et estima le poids de mon fils à plus de 4 kilos. Il dit qu’il valait mieux déclencher l’accouchement. J’étais heureuse, j’avais des douleurs et j’avais vraiment envie que mon fils arrive. Nous sommes rentrés chez nous pour faire la valise et revenir le lendemain à 7 heures du matin.On me conduisit à ma chambre et on m’examina afin de déterminer quel serait le meilleur moyen de déclencher l’accouchement. Ils me demandèrent si je savais quelque chose à ce sujet et comme j’avais un peu lu sur la question, je savais qu’il y avait peu de moyens. Ils me dirent que dans mon cas, vu l’état de mon col, le mieux serait de me donner des comprimés pour faire démarrer les contractions. Et après ce que j’avais lu, ça me parut être la meilleure solution, donc je dis OK. Ils me donnèrent le comprimé immédiatement et dirent que je devrais en prendre toutes les 2 heures jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose. Le soir, toujours rien. Alors ils dirent qu’il valait mieux faire une pause, avoir une bonne nuit de sommeil et recommencer le lendemain matin. Le lendemain matin, on recommença, avec de nouveaux comprimés. Je commençai à avoir des petites contractions, mais juste des petites. Le soir, ils me dirent que si au matin suivant, après 48 heures, il n’y avait toujours rien, ils devraient faire une césarienne. Je n’en voulais vraiment pas, donc j’espérais que quelque chose allait se produire. Ils dirent qu’on allait essayer quelque chose d’autre, rompre la poche. Aussitôt dit, aussitôt fait. Maintenant je commençais à avoir plus de contractions, et plus régulièrement. Mais mon col n’était pas encore assez ouvert et les contractions n’étaient pas assez fortes. Alors ils utilisèrent une autre méthode. J’avais l’impression d’être une souris de laboratoire, mais je voulais vraiment que mon bébé sorte. Cette fois ce fut un comprimé par voie vaginale. Et l’on constata des résultats : de fortes contractions, mais un col toujours pas ouvert. Les docteurs me dirent d’aller marcher dans l’hôpital, ce que je fis. Ce fut une courte marche, je souffrais, je crus que j’allais mourir. Je vomis partout, je ne tenais plus sur mes jambes.Péridurale. Au début je n’en voulais pas, mais je n’avais pas le choix. Je pleurais de douleur. Par la suite je m’endormis ; il devait être aux alentours de 11heures du soir. Je me réveillai à 1heure du matin. J’appelai les infirmières car je sentais que ça y était, il arrivait. C’était vrai, j’étais finalement ouverte à 10 cm, avec des contractions régulières. Tout le monde courait partout, à préparer, et j’étais là, prête à pousser. Alors ils me donnèrent le feu vert : « Vous pouvez commencer à pousser ! » Ce que je fis, seulement quelques minutes. En vain. Il n’y avait plus de contractions. Ils appelèrent le gynécologue, qui appela alors le bloc. Il fallait faire une césarienne. J’étais tellement fatiguée que je m’endormis en chemin. Je me réveillai seulement lorsqu’ils me coupèrent. A 5h35 mon merveilleux fils est né. Mais la joie laissa place à la panique. Mon utérus ne cessait de saigner. Je perdais 0,5 litres de sang par minute. Pendant à peu près une demi-heure ils tentèrent de stopper l’hémorragie et de me recoudre. Je me sentais fatiguée, j’avais envie de dormir mais je n’osais pas. J’avais trop peur de mourir. Au bout de 45 minutes ils dirent que tout allait bien et ils commencèrent à me recoudre. Mais au bout de quelques minutes mon cœur s’emballa, à 180 battements par minutes. Ils se rendirent compte que je saignais toujours et qu’ils devaient m’ouvrir à nouveau. Cette fois c’était grave. J’entendis le chirurgien dire que c’était mauvais. Les chirurgiens voulaient m’endormir. Je ne voulais pas. Je voulais rester réveiller. Il fallait que je me batte pour ma famille. C’était le début d’une longue lutte contre la montre. J’avais des perfusions et des poches de sang partout. Deux dans chaque bras et un dans chaque pied. Car j’étais en hypothermie (température presque à 34 degrés à cause de l’hémorragie), ils mirent un tas de couvertures chauffantes sur moi. Ils mettaient les poches de sang entre les couvertures chauffantes pour les réchauffer un peu. C’était assez étrange. Ils n’arrêtaient pas de me dire de me détendre. Plus facile à dire qu’à faire. Lorsque vous savez que vous perdez autant de sang et que vous ne savez pas si vous allez survivre. Au bout de trois heures ils me dirent qu’ils n’avaient plus le choix. Ils allaient devoir retirer mon utérus. A ce moment je voulais juste survivre, je leurs dis qu’ils fassent ce qu’ils avaient à faire. Et ils le firent. Deux heures plus tard tout était sous contrôle. Ils me recousirent. Cette fois c’était bon. Ça faisait presque 7 heures que mon fils était né, je l’avais à peine vu. C’est seulement alors que je réalisai que je n’étais plus enceinte. J’étais une maman, et je voulais voir mon fils. Mais les infirmières dirent qu’il était en train de dormir avec son père. Les docteurs étaient en train d’appeler l’ambulance, je devais être transférée vers un autre hôpital, j’avais besoin de soins intensifs pendant quelques jours, et il n’y en avait pas dans le premier hôpital. Je pensais que je n’allais pas pouvoir voir mon fils pendant plusieurs jours. Avant de monter dans l’ambulance, les infirmières me donnèrent deux photos de mon fils et de son père. Je les pris, et je ne voulus plus les quitter des yeux. Il était tellement beau, je pleurais comme je n’avais jamais pleuré auparavant. Il me manquait follement. Lorsque j’arrivai à l’autre hôpital, il y avait 7 docteurs autour de moi, qui me posaient des questions, me branchaient à des machines, faisaient des tests. Mais j’étais dans le brouillard. Je pleurais et tout le monde pensait que c’était de douleur. C’était vrai, mais c’était la douleur du cœur. Je n’aurais jamais cru que quelqu’un puisse vous manquer à ce point. Ça n’avait duré que quelques heures, mais je me sentais seule. Même avec toutes ces personnes autour de moi, je ne m’étais jamais sentie aussi seule. Alors vers 2 heures de l’après-midi, quand les infirmières me dirent que j’avais de la visite, et que mon conjoint et mon fils entrèrent, vous ne pouvez pas imaginer ce que je ressentis. Les infirmières me demandèrent si je me sentais assez de forces pour mettre mon bébé sur ma poitrine. Bien sûr que j’avais la force. Ça me fit un mal de chien, mais je m’en moquais, j’avais mon fils adoré dans mes bras. Et à partir de ce moment, il resta avec moi. Il dormit avec moi, je ne voulais pas le perdre de vue. Je souffrais toujours, j’ai fait de la tachycardie pendant plusieurs jours, mais il était avec moi, et mon amour pour lui aurait pu me faire traverser le feu sans rien sentir. Alors maintenant, si vous êtes arrivés jusqu’ici, vous voudrez sans doute savoir ce qui s’est passé. C’est ce que j’ai voulu comprendre. J’ai commencé à faire des recherches, et j’ai trouvé que ce comprimé qu’ils m’ont donné, Cytotec (misoprostol), était impliqué dans d’autres cas comme le mien. Et malheureusement, dans un bon nombre de cas, la mère ou l’enfant n’ont pas survécu. Normalement ce médicament est utilisé pour traité les ulcères. On a découvert qu’un des effets secondaires était de provoquer des contractions. On l’utilise aussi pour les avortements. Ça vous semble normal ? Pas à moi. Et la dose que j’ai reçue était plusieurs fois supérieure à la dose recommandée ; des gens sont morts avec moins que ça. Alors pourquoi est-ce qu’ils utilisent ce médicament ? Il existe d’autres médicaments pour déclencher l’accouchement. Mais ils coûtent 200 fois plus cher, donc ils ne les utilisent pas. C’est pour ça que je n’arrêtais pas de saigner. C’est pour ça que mon fils ne pourra jamais avoir de frères et sœurs. A cause du prix. C’est dur à avaler. Je ne veux pas que ça arrive à quelqu’un d’autre, c’est pour cela que j’écris, pour mettre les gens en garde. Si vous devez être déclenchée, dîtes NON au cytotec ! |