Enola

Voici le récit de la naissance d'Enola, raconté par sa maman

 
 
Lorsque nous avons décidé d'avoir un enfant, nous savions que nous allions passer par des moments difficiles, mais aussi par de merveilleux moments avec notre enfant.
Nous étions loin de nous douter à quel point ce serait difficile.
 
Pour commencer, nous avons dû passer par la PMA (procréation médicale assistée) pour que cette grossesse arrive. Le 23 juin 2009, j'ai les résultats de ma prise de sang et je suis bel et bien enceinte. Neuf mois de bonheur, une grossesse sans problème, le médecin nous annonce que ce sera une petite fille, nous trouvons son prénom: Enola. Elle doit arriver le 10 mars 2010.
 
Et le 10 mars, rien, mademoiselle est timide, pas de contraction, un col fermé, et une petite puce qui bouge toujours dans mon bidon.
Le 12 mars, écho de contrôle et là le début de notre descente aux Enfers : oligoamnios, le liquide amniotique est en trop faible quantité pour me laisser repartir. Il faut me déclencher.
 
Et moi je me laisse prendre en charge, un accouchement je ne sais pas ce que c'est!! On doit maturer mon col qui est fermé, long et tonique. OK s'il le faut j'accepte et on me dit qu'on va poser un comprimé sur mon col pour l'aider à se dilater. 
 
Je ne réagis pas au cytotec, enfin pas immédiatement alors on m'en pose un second puis un troisième. Et le 13 vers 17h premiers signes de faiblesse pour ma fille, alors direction la salle d'accouchement pour de longues heures, on me rompt la poche des eaux, on me met de l'ocytocine et la péridurale. Je ne sens rien, pas même les contractions qui arrivent et qui sont bien trop nombreuses. Mon col finit par s'ouvrir, malgré plusieurs signes de souffrance la gynéco de garde affirme que ma fille sortira par voix basse et pas autrement.
 
Quelques heures, des forceps et une maman épuisée, voilà les souvenirs de mon accouchement. Une petite fille bleue qui ne crie pas et qu'on emmène loin de nous, papa ne peut pas venir !! Des points de suture pour une belle épisiotomie et enfin des nouvelles.
 
Elle va bien, fatiguée, mal à la tête et certainement du liquide dans les poumons et les intestins donc, sous perf d'antibios. J'ai enfin le droit de la voir, elle est en néonat, de la prendre un peu dans mes bras et je dois retourner dans ma chambre.
 
Puis une pédiatre vient m'annoncer que son taux de lactates est trop élevé, qu'on doit la transférer dans un autre hôpital spécialisé pour lui faire des examens supplémentaires. Elle part avec le SAMU en réa néonat loin de moi.
 
Et là-bas on m'explique, la souffrance foetale, le manque d'oxygène, les séquelles au cerveau... 
On m'apprend à devenir maman, à m'occuper de ma fille, on m'aide à la prendre dans mes bras, et en même temps on continue les examens, ils sont mauvais, malgré l'hypothermie, les médicaments et toute notre force, le cerveau est trop endommagé.
 
Le 02 avril elle décède dans nos bras.